Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais nous recevons tous de plus en plus de courriels dans lesquels l'expéditeur manque allégrement aux règles les plus élémentaires de la politesse et de la civilité.
Le style "SMS" fait rage (et je ne parle même pas des fautes d'orthographe), y compris chez des gens qui ne sont plus du tout des "teen-agers".
Ni bonjour, ni s'il vous plait, (ni merci à fortiori !), ni formule de salutation. Tout cela semble frappé au sceau du ringard le plus achevé et rien ne parait plus urgent que de s'en passer.
Pire, ces usages ont tendance à se généraliser et à quitter la sphère du courrier électronique pour s'installer imperceptiblement dans les relations en face à face, notamment au bureau.
Impératif de performance, concurrence, volatilité boursière : il faut aller vite, droit au but... Le temps, c'est de l'argent, Madame ! On ne va pas le perdre en vaines formalités mondaines. On file à l'essentiel, lequel n'est pas du côté des personnes, et de leurs encombrants états d'âme.
De fait, cela pourrait sembler anodin, voire insignifiant, au premier abord, mais il n'en est rien.
Il s'agit en effet d'un signe de la banalisation d'usages en matière de communication et de relations situés aux antipodes de ce que promeut normalement une société (c'est à dire un collectif humain), à savoir attention et respect minimum, lesquels permettent au groupe de maintenir sa cohésion d'une part et d'inhiber les pulsions de mort toujours promptes à se manifester en son sein, d'autre part. Les règles de convivialité nous serviraient donc à survivre d'abord et à con-vivre ensuite, et au sens propre : vivre ensemble, les uns avec les autres.
Or, que constate-t'on ? Les enfants sont mal élevés, parait-il : quel exemple leur donnent les parents ? Le niveau de stress et de malaise au travail atteint des niveaux record : peut-on vraiment s'en étonner ?
Sans prétendre que la politesse soit un remède à tous les maux, je soutiens qu'elle constitue un premier rempart contre la barbarie, vers laquelle nous avons tous une fâcheuse tendance à glisser si nous ne sommes pas vigilants.
Car dire bonjour, c'est d'abord noter et signifier qu'un autre que moi est là, mais aussi prendre acte du fait qu'il est en parité avec moi, qu'il vaut autant que moi, et pouvoir entamer un échange avec lui qui laisse une place à son altérité.
Ne pas le faire, c'est instaurer d'emblée une situation dans laquelle l'autre n'existe pas, voire n'a pas à exister et ne peut que devenir l'exécutant de ma volonté et de mes consignes, c'est à dire un outil.
On voit bien vers quoi peut nous acheminer un si bon début ...
Il sera toujours temps de parler de la motivation du personnel, par la suite.
Aussi, je recommande des assauts de politesse (et donc de ringardise) dans nos relations de tous ordres, sans aucune exception.
Personnellement, j'y vois un très bon indicateur de climat social !
Valérie PASCAL
Septembre 2010.
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