"Il est plus facile de dissocier un atome, que de se débarrasser d'un préjugé." A. Einstein
Une demande d’accompagnement, pour une personne (dirigeant, manager ou autre) ou pour une équipe, est presque toujours liée à l’irruption d’un grain de sable. Je m’explique …
Le grain de sable comme « preuve » de l’impermanence
Jusque là, tout fonctionnait bien : équipe ou personne, l’entité avait trouvé son régime de croisière, dans un contexte donné, et s’était installée sur un certain pallier de performance…
Mais un beau jour, le grain de sable apparait, quelle qu’en soit la cause, interne ou externe, et un renversement silencieux s’opère. Une série d’effets en chaine se produisent, qui font perdre en efficacité et gagner en tension.
Tel manager, qui avait connu une carrière remarquable, se voit refuser une nouvelle promotion, pour des raisons qui lui restent obscures ; il a l’impression qu’on commence à lui reprocher ce pour quoi même on l’avait félicité et promu jusqu’alors …
Telle équipe échoue sur une affaire de routine et voit ses membres s’enliser dans un conflit aussi violent qu’incompréhensible…
Tel département ou direction, tout juste réorganisé, voit soudain se multiplier les réclamations clients, les incidents de production, et les arrêts maladie, pour ne rien dire des alertes du CHSCT…
Les acteurs concernés sont d’abord dans la stupéfaction : comment expliquer que ce qui fonctionnait si bien se soit déréglé, si vite, si fort ?
S’ensuit généralement une période de « raccommodage » où l’on tente de revenir aux recettes d’hier… Cette tentative est vouée à l’échec car, parmi tant d’incertitudes, une seule chose est certaine : ce qui fonctionnait hier est révolu car les conditions d’hier ont disparu, « Gone with the wind ». Quelque chose a changé, dans le contexte et dans le système, qui requiert d’autres approches…
Lesquelles ? Nul de peut le dire, à ce stade.
Les personnes, les équipes, et, avec elles, l’organisation dans son ensemble, sont mises au pied du mur : il faut trouver de nouvelles façons d’agir, ce qui suppose de nouvelles façons de voir, de sentir, de se représenter le réel et de penser.
L’accompagnement comme réponse mobile
Finalement, c’est à cela que sert l’accompagnement, quelles qu’en soient les modalités : permettre aux acteurs d’un système, individuellement ou collectivement, de faire un pas de côté, d’examiner leurs habitudes et schémas mentaux (tout ce qui constitue le socle des routines qui s’avèrent si efficientes dans un environnement stable), de comprendre qu’ils sont obsolètes et de laisser advenir à la place de nouvelles représentations du réel.
A partir de là, ils pourront sans doute accepter de se laisser surprendre par leur créativité, leur intuition, et leur inspiration et passer à l’action sans passer à l’acte, selon des modalités adaptées à la situation dans sa radicale et dérangeante singularité.
Bien sûr, il faudra, pour cela, traverser quelques déserts arides et retourner plusieurs fois se ressourcer dans l’oasis fondamentale de la vision, de la vocation et du projet.
Il faudra aussi se résoudre à une forme de suspension, d’abstinence d’action, afin de s’épargner les échecs inhérents aux tentatives de solutions inadaptées car en phase avec un réel défunt, un réel fantôme, qui n’existe plus que dans la tête de celui et ceux qui l’ont vécu, hier…
Le coach expérimenté connait ces trajectoires, en comprend les enjeux ; il sait créer les conditions de protection nécessaires à l’avancée et garde confiance dans l’issue positive du processus…
Lui-même en fait régulièrement l’expérience et explore régulièrement de nouveaux territoires de la pensée et de l’action, en lien avec son superviseur. En effet, cette épreuve humaine, pour être des plus courantes, ne peut se traverser seul(e) ...
Valérie PASCAL.