Pour commencer : Comme un rêve de Noël...
Je me connecte au webchat du Père Noël pour lui adresser ma liste.
Moi : Bonjour, Père Noël ! Tu es là ?
PN : Bonjour. Bien sûr que je suis là ! Que puis-je pour toi ?
Moi : C’est à propos de mon cadeau de Noël...
PN : Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Demande-moi tout ce que tu veux. Je suis là pour ça !
Moi : Je voudrais la parité femmes-hommes dans tous les domaines, en France et en Navarre.
PN : Aïe ! Désolé, Valérie, je ne l’ai pas en stock. Pour ce type de demande, je te conseille de t’adresser au webchat de ma col-
lègue... En voici le lien : http://MereNoel.com/chat2017.
Au revoir !
(Fin du webchat.)
Je suis très frustrée de cet échange avec le Père Noël lui-même, alors je me reconnecte. Je ne lâche pas mon rêve.
Moi : C’est encore moi ! Pas question que je m’adresse à la Mère
Noël pour des questions de parité femmes-hommes. C’est comme si tu m’invitais à traiter de la lutte contre le racisme
uniquement avec ceux qui en sont victimes...
PN : Ok, mais qu’est-ce que tu attends de moi, alors ?
Moi : Mais je te l’ai dit ! La parité, comme cadeau de Noël. Dans les entreprises, le privé, le public, en politique, dans les associations, partout. Et puis aussi, l’égalité des rémunérations, tant qu’à faire...
PN : Désolé, mais c’est au-delà de mes moyens...
Moi : Ça alors ! Mais qui faut-il donc contacter pour l’obtenir ?
PN : Je ne sais pas, mais je vais consulter mon stock et voir si je peux te proposer un article de substitution ou qui te mettrait sur la piste.
(Merci de patienter. Votre conseiller traite votre demande...)
Au bout de quelques minutes.
Moi : Houhou ! Tu m’as oubliée ?
PN : Non, pas du tout, mais cette recherche est difficile. Je dois saisir mon superviseur. Je te mets à nouveau en attente. Merci de ta patience...
Après un temps...
PN : Merci d’être restée en ligne. D’autant que j’ai une bonne nouvelle pour toi. J’ai trouvé un cadeau assez proche de ce que tu souhaites : un super coaching personnalisé qui te permettra de travailler sur tes émotions et tes représentations de cette question.
Moi : Comment ça, un coaching ?!
PN : Eh bien, oui. Tu as l’air assez crispée sur cette problématique. Alors il faudrait peut-être (pour ton bien) que tu prennes un peu de recul et travailles sur cette façon de prendre les choses tellement à cœur, de partir en croisade féministe à tout bout de champ... Qu’est-ce que tu en dis ? C’est une belle opportunité de développement, non ?
Moi : ...
PN : Joyeux Noël !
(Fin du webchat)
Et un peu de méta, pour continuer : Subjectivité et Objectivité en coaching
Le coaching, un outil au service du développement des femmes managers ?
Tout coach un peu expérimenté est habitué à naviguer dans la complexité et à gérer les paradoxes qui
font tout le piment de la vie dans nos grandes organisations. Mais le sujet de la parité femmes-hommes les exacerbe.
Les coachings proposés à des femmes dirigeantes, ou aspirant à le devenir, sont courants. Et il y a tout lieu de s’en féliciter. En effet, quoi de plus juste que de soutenir celles-ci dans leur ascension vers des sommets souvent trop bien gardés (défendus ?) et particulièrement difficiles d’accès pour elles ?
On pourrait même considérer que c’est le signe d’un engagement de leurs employeurs dans cette politique d’égalité très vertueuse et, de plus, comme certaines études le démontrent, profitable économiquement. Du deux en un, en somme.
Pourtant, en tant que coach, un aspect me chiffonne...
- Autant il me parait normal et sain, et positif, de permettre aux aspirantes dirigeantes de se développer pour accroître leur confiance en elles-mêmes, vivifier leur légitimité, construire leurs réseaux professionnels, placer à la juste hauteur leur niveau d’exigence vis-à-vis d’elles-mêmes et de leurs équipes, équilibrer les différentes facettes de leur vie... (Toutes choses que le coaching fait à merveille.)
- Autant, j’éprouve un léger malaise quand l’objectif plus ou moins explicite du coaching consiste à permettre à ces femmes de se détendre . En effet, en creusant un peu pour savoir ce que cette «détente» recouvre, il n’est pas rare que l’on découvre qu’il s’agirait tout bonnement d’arrêter de faire la mauvaise tête en se plaignant des différences de salaires, de ronchonner à propos de la faible proportion de femmes au COMEX, et d’autres attitudes peu amènes et amères du même acabit, qui dénotent un manque d’esprit corporate caractérisé ! Et que les hommes n’ont jamais...
Certes, veiller à être moins directement lisible est toujours un enjeu crucial pour qui cherche à exercer
le pouvoir. Toutefois, le coaching nous invite à distinguer les dimensions subjectives et objectives d’une même situation.
Le coaching, un puissant levier au niveau subjectif mais pas au niveau objectif
En tant que coach (et en tant que femme), j’adhère pleinement à l’utilisation intensive du coaching pour travailler sur le premier versant : «Mesdames, changez votre représentation de vous, de vos pairs, du pouvoir et de ses prérequis. Pratiquez activement le constructivisme, et les portes d’accès au Graal s’ouvriront toutes grandes devant vous !»
En revanche, je crois qu’il appartient aux employeurs de travailler sur le niveau objectif en mettant en œuvre des politiques qui garantissent une égalité effective de traitement, seule capable de régler définitivement le problème des protestations véhémentes des femmes et de leur légendaire mauvaise humeur !
Cette cohérence permettrait de démultiplier les effets des coachings menés par ailleurs.
Bien sûr, ce n’est que le point de vue d’un coach, naïf de surcroît, et qui aimerait croire encore au Père Noël !
Valérie PASCAL
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