La lecture de la bande dessinée de Lanzac & Blain, "Quai d'Orsay", est d'abord extrêmement plaisante. Le graphisme est étonnant et le rendu des mouvements (gestuelle et déplacement du ministre, notamment) formidable. Le rire est au rendez-vous, grâce au comique des situations, mais aussi au 2eme niveau de lecture, genre d'hypertext qui est un hyper-graph, qui nous renseigne sur la psychologie des personnages et sur leurs états internes (qui vont de l'agacement aux hallucinations autodestructrices !).
Mais elle nous fournit aussi l'occasion d'une réflexion sur ce qu'est le travail, dans un univers très marqué par la culture française : la haute fonction publique et les cabinets ministériels.
Mise en bouche :
- le travail est-il ce qui se voit ?
- le travail est-il ce qui produit un résultat valorisé ?
- l'efficacité du travail est-elle proportionnelle à l'effort engagé ?
- le travail est-il toujours (et même, parfois) modélisable ?
- le travail collectif est-il possible ? dans quelle circonstances ?
- l'épuisement peut-il permettre, parfois, d'accéder à une sorte de transe paradoxalement favorable à une certaine performance ?
- le travail de production de relations (ici, diplomatiques et politiques) est-il autre chose qu'une équation personnelle ?
- peut-on survivre dans un environnement de travail comme celui-là ? Moyennant quels ajustements psychiques ?
Valérie PASCAL